vendredi 9 octobre 2009

Bonjour, étudiants de Licence et de Master

Ce blog est destiné à parler des cours de Licence et de Master que je donne (Alain Lecomte) à l'université Paris 8 dans le cadre de la licence de sciences du langage et à l'E.N.S. dans le cadre conjoint du master LTD ("Linguistique Théorique et Descriptive") et du "MasterCog", organisé par le DEC (Département d'Etudes Cognitives de l'ENS). Ce semestre, il concerne donc:
- l'EC de Sémantique Compositionnelle de la licence SDL
- l'EC optionnelle dite "de Logique avancée" (enseignée conjointement avec Laurent Roussarie)
- l'EC B06-S1 du Master "Outils formels de base", poursuivie par "Logique et Grammaire" à partir de la mi-novembre.
(voir le site: http://lecomte.al.free.fr/cours_P8-master2)
Pourquoi ce blog? Il apparaît que les notions introduites dans ces cours ne sont pas toujours facilement assimilables pour des étudiants qui ont eu jusqu'ici une formation essentiellement littéraire. D'où le besoin d'un espace où chacun(e) peut librement intervenir pour poser des questions et demander des éclaircissements, sur le cours aussi bien que sur les exercices.
Pourquoi "sens et maths"? Les mathématiques sont partout présentes dans le monde qui nous entoure, elles ont pénétré notre vie quotidienne. Pensez simplement à votre odinateur, tout ce qu'il recèle de mathématiques en lui pour pouvoir fonctionner.... Bien sûr, nous ne nous intéressons pas à toutes ces mathématiques, mais il est un lieu où, bizarrement, aussi elles sont présentes, c'est le langage et particulièrement les processus de construction du sens. Ce sont ces mathématiques-là qui nous intéressent.
Quand une phrase est ambiguë sémantiquement, comme tout étudiant doit rencontrer un professeur (ambiguïté de savoir s'il y a juste un professeur désigné pour rencontrer les étudiants ou bien si chaque étudiant peut choisir un professeur de son choix) ou bien Pierre cherche une femme (est-ce une certaine femme dont il a perdu la trace qu'il cherche, ou bien simplement recherche-t-il une femme, qu'il ne connaît pas encore?), on représente cette ambiguïté au moyen d'un langage qui est celui des mathématiques parce que c'est un langage où les énoncés ne sont jamais ambigus.
Quand nous disons : quels livres ils ont tous lus? en parlant d'un ensemble de gens, nous nous attendons à avoir comme réponse une liste de livres qui est juste l'intersection de tous les ensembles de livres que chacun a lus, alors que lorsque nous demandons : quels livres au moins l'un d'entre eux a lus? nous nous attendons à recevoir comme réponse une liste qui est l'union des ensembles de livres lus par chacun. Autrement dit, nous faisons mentalement, spontanémant, des unions et des intersections d'ensembles.... Ensembles, union, intersection... c'est la base de notre programme de mathématiques élémentaires dans le cours "Outils formels de base".
Quand nous analysons syntaxiquement une phrase en mettant en évidence sa structure en constituants, nous créons une structure mathématique que l'on appelle un arbre. Comment la créons-nous? Nous supposons l'existence de règles récursives (c'est-à-dire qui peuvent s'appliquer aux résultats eux-mêmes qu'elles produisent). Ces règles sont à la base de ce que Chomsky a appelé la créativité du langage. Elles sont aussi à la base de notre faculté de compter (indéfiniment, aussi loin que nous voulons, freinés seulement par la fatigue...). Le lien entre la numération et le langage est patent, c'est un sujet de recherches très actif.

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